Par Louis Alexandre de Froissard le 21/07/16

Risques inhérents au crowdlending : Le projet “Innovaphot”

 

Nouveau coup de théâtre sur la scène du crowdfunding, et plus précisément du crowdlending (prêt au PME : voir ici l’article expliquant ce qu’est le crowdlending).

C’est non sans une certaine surprise que pas moins de trois plateformes de crowdlending nous ont proposé aujourd’hui d’investir dans un nouveau projet de crowdlending, Innovaphot, un studio photo situé à Cachan. L’entreprise porteuse du projet aurait donc eu besoin de tellement de fonds qu’elle a du mettre en place trois campagnes de crowdlending ? Pas exactement…

Revenons un peu en amont pour bien comprendre ce qui s’est réellement passé. Innovaphot, plus précisément son courtier, entre en relation début 2015 avec la plateforme Crédit.fr dans le but de financer le recrutement de personnel afin de faire face à l’augmentation du nombre de commandes. Crédit.fr effectue l’analyse du dossier et, au regard de la situation économique de l’entreprise, accepte de financer le projet. Jusque là tout va bien…

Mais pour des raisons qui semblent évidentes (financières), Innovaphot a voulu s’émanciper de son courtier. La société est donc elle-même entrée en relation avec Lendopolis et Unilend, deux autres plateformes de crowdlending. Ces dernières, après analyse, ont également accepté de financer le projet. Ainsi, a priori, sans avoir « contractualisé » avec Innovaphot, elles ont également lancé la collecte sur leur plateforme. Innovaphot se retrouve donc avec trois campagnes de crowdlending en même temps et sur trois plateformes différentes… avec des taux et des durées différentes !

Cet incident témoigne une nouvelle fois des risques inhérents au financement participatif. Le marché du crowdlending étant étroit, la concurrence entre les plateformes est très forte. En effet, la société Innovaphot a tout simplement pu « faire son marché » en proposant son projet à plusieurs plateformes. Elle a ensuite pu choisir la plateforme la plus intéressante pour effectuer sa collecte. En allant plus loin, on peut même aujourd’hui même se demander si ce ne sont pas les entreprises porteuses de projets qui ont tout pouvoir sur les plateformes…

Cet incident met en exergue un autre problème, aussi voire plus important que les risques concurrentiels évoqués à l’instant. En effet, le secteur du crowdlending étant en pleine expansion en France, le mot d’ordre du Gouvernement est de laisser une certaine liberté aux acteurs et d’éviter de trop encadrer le secteur, au risque de ralentir l’explosion du financement participatif en France. Mais à trop vouloir accorder des libertés, en l’absence de réglementation forte, on peut en arriver à une certaine cacophonie.

On pourrait mettre en parallèle le formalisme « mortifère » que se voient imposer tous les autres acteurs du secteur financier :

  • Profil de risque
  • Argumentaire précis montant l’adaptation aux besoins
  • Avertissement sur les risques encourus
  • ….

Ici on peut légitimement se demander si Lendopolis ou Unilend ont attendu d’avoir signé un contrat définitif pour proposer le projet aux investisseurs. Avaient-elles poussé l’investigation assez loin pour savoir qu’il y avait concurrence entre plateformes ?

Enfin que penser de la société Innovaphot qui semble jouer à un jeu dangereux et n’a peut-être pas été totalement transparent ?

Sans vouloir parler d’amateurisme, la démarche n’en reste pas moins inquiétante de la part des acteurs de ce Vaudeville financier…

Le projet d’Innovaphot, est donc en financement sur la plateforme Crédit.fr avec seulement 1.000 € collectés. La plateforme Unilend, elle a du retirer le projet de sa plateforme alors que 71% des fonds avaient été collectés. Par ailleurs, il n’apparait plus sur la plateforme Lendopolis depuis le 20/07 17h00.

 

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